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Blancpain Fifty Fathoms - Une exposition dédiée aux collectionneurs et passionnés



L'exposition dédiée à la légendaire montre de plongée sera visible jusqu’à la fin du mois de novembre 2010 sur la Place Vendôme de Paris avant de voyager vers la Chine et les Etats-Unis. Nous en profitons au passage pour remercier la marque, Monsieur Stephan Ciejka ainsi que les propriétaires de modèles exposés pour avoir rendu cela possible.



Blancpain Fifty Fathoms
Blancpain Fifty Fathoms

Comment Blancpain a-t-il créé la Fifty Fathoms, qui s’est propulsée presque aussitôt au rang d’icône et a défini depuis lors les caractéristiques des montres de plongée pour l’ensemble de l’industrie horlogère ? A l’instar des plus grandes réussites, la Fifty Fathoms est le résultat d’une passion. En ce cas, celle de Jean-Jacques Fiechter, PDG de Blancpain de 1950 à 1980. Comme il était lui-même plongeur, la création d’une montre aux performances sous-marines exceptionnelles représentait bien davantage que l’habituel lancement d’un nouveau produit - en l’occurrence, l’opportunité de réunir deux aspects essentiels de son existence, l’horlogerie et la mer. Ainsi, au moment où l’armée française l’a contacté, il a compris qu’elle lui apportait le projet qu’il attendait depuis longtemps.

Même si les montres de plongée rencontrent de nos jours un engouement qui s’étend bien au-delà du cercle des explorateurs des fonds sous-marins, leur origine remonte à des utilisations militaires réellement périlleuses. Peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l’initiative de deux héros des Forces françaises libres, le capitaine Robert « Bob » Maloubier et le lieutenant Claude Riffaud, l’armée française fonde l’unité des Nageurs de combat, probablement son groupe le plus secret. La mission de ce corps d’élite consistait à conduire des activités d’espionnage sous-marin ainsi que de mener à bien des actes de sabotage tels que destructions de navires, attaques de ports, autant de hauts faits réalisés par des hommes-grenouilles qui oeuvraient le plus souvent de nuit.


Blancpain Fifty Fathoms - Une exposition dédiée aux collectionneurs et passionnés

En plus des bouteilles, des détendeurs, des masques, des palmes et des combinaisons, Maloubier et Riffaud ont saisi l’importance de disposer de trois instruments robustes et fiables: la montre de plongée, la boussole et le profondimètre. La montre de plongée revêtait une signification particulière pour de nombreuses missions essentielles qui entraient dans leurs attributions, en premier lieu naturellement pour mesurer le temps de plongée (et ne pas dépasser la durée de la réserve en oxygène). Une autre caractéristique de ces garde-temps spécialisés résidait dans leur capacité à chronométrer le temps nécessaire afin d’atteindre des objectifs de navigation. Après avoir longuement testé les montres alors disponibles sur le marché, Maloubier et Riffaud parvinrent à la conclusion qu’aucune d’entre elles n’était à la hauteur de la tâche. Ils entrèrent alors en contact avec M. Fiechter. Plongeur et passionné par le monde sous-marin, il ne fut pas long à convaincre. Blancpain accepta rapidement de mettre au point ce garde-temps particulier destiné à l’École des Nageurs de combat, placée sous le commandement de Maloubier et de Riffaud.


Blancpain Fifty Fathoms - Une exposition dédiée aux collectionneurs et passionnés

Robert Maloubier décrit ainsi sa première rencontre avec Blancpain: « Finalement, une petite entreprise horlogère, Blancpain, accepta de développer notre projet qui prévoyait une montre avec un cadran noir, de grands chiffres et des indications claires sous la forme de triangles, cercles et carrés ainsi qu’une lunette extérieure pivotante qui reprenait les repères du cadran. Nous souhaitions au début d’une plongée être en mesure de positionner la lunette en regard de la grande aiguille des minutes afin d’indiquer le temps restant. Nous voulions enfin que chacun des repères soit aussi évident qu’une étoile pour un berger ».  

Jean-Jacques Fiechter, plongeur expérimenté, avait également ses propres idées. En premier lieu, il décida que la lunette tournante dotée des spécifications indiquées devait connaître un perfectionnement essentiel et ne pouvoir tourner que dans une seule direction. Ainsi, à aucun moment un plongeur ne pourrait imprimer une rotation involontaire à la lunette de nature à lui faire croire que la plongée avait commencé plus tard que cela était le cas. De ce fait, toute erreur aurait pour conséquence de raccourcir le temps de plongée plutôt que de l’allonger au-delà de la réserve en oxygène disponible. À l’évidence, il savait que la montre devait être étanche. Afin d’assurer la meilleure imperméabilité possible du boîtier, il choisit de le doter d’un fond vissé. Pour contourner un brevet existant sur les couronnes vissées, il conçut un système de doubles joints toriques. Comme il se rendit ultérieurement compte qu’un remontage manuel ferait courir un risque d’usure non négligeable au système d’étanchéité de la couronne, il résolut d’équiper la montre d’un mouvement automatique pour réduire le nombre de fois où la couronne aurait besoin d’être dévissée. L’ensemble de ces éléments se conjugua pour garantir un niveau d’étanchéité exceptionnel. Finalement, il s’avisa qu’une protection contre les champs magnétiques était indispensable à un gardetemps destiné à être utilisé à des fins militaires. En associant ses propres caractéristiques à celles de Maloubier et de Riffaud, Jean- Jacques Fiechter poursuivait ses propres objectifs de conception.


Blancpain Fifty Fathoms
Blancpain Fifty Fathoms

Il est extraordinaire de constater que l’ensemble des caractéristiques déterminées par Blancpain et la Marine française en 1953 ont défini dès lors toutes les montres de plongée modernes : une grande étanchéité, un système robuste de protection de la couronne, un remontage automatique, des cadrans noirs avec des indications luminescentes évidentes, des lunettes unidirectionnelles avec des repères horaires, une protection antimagnétique. Il restait une dernière touche à ajouter à cette construction sans faille. Blancpain inséra un indicateur d’humidité à six heures. Sous la forme d’un petit cercle, il affichait une teinte bleue si l’air dans le boîtier était sec. À la moindre pénétration d’eau, la couleur passait au rose, en signal d’alarme. Cette réalisation d’avant-garde fut baptisée par Blancpain du nom de « Fifty Fathoms », d’après la mesure britannique de 50 brasses, soit approximativement 91,45 mètres, considérée à l’époque comme la profondeur maximale que les plongeurs pouvaient atteindre compte tenu du mélange oxygène – azote alors en usage.

En raison de considérations à la fois commerciales et du secret défense, la Marine française souhaitait acquérir l’ensemble de ses équipements de plongée, y compris les montres Blancpain, par l’intermédiaire d’un unique fournisseur, la maison Spirotechnique, implantée à Paris, sur la rive gauche de la Seine. Cette société était liée à l’explorateur Jacques-Yves Cousteau et commercialisait ses inventions, parmi lesquelles son célèbre détendeur à valve. C’est par ce biais que Cousteau découvrit la Fifty Fathoms de Blancpain et qu’il la choisit pour ses plongées historiques immortalisées par le film « Le monde du silence », qui remporta un Oscar et la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1956. Il n’était pas toujours aisé de recueillir l’approbation des militaires. L’armée américaine par exemple posait une grande variété d’obstacles pour tout producteur horloger qui n’était pas implanté sur le sol des États- Unis. Selon les dispositions du « Buy American Act » alors en vigueur, les producteurs nationaux bénéficiaient d’un avantage de prix de 25% sur leurs concurrents étrangers, et les rubis utilisés dans la montre devaient être achetés auprès d’un fournisseur du Missouri. Heureusement pour Blancpain, la Fifty Fathoms disposait d’un partisan fermement convaincu des qualités de la montre en la personne d’Allen Tornek. Ce dernier avait fait la connaissance de Jean-Jacques Fiechter grâce à leur passion commune pour la plongée. Lorsqu’il apprit que l’armée des États-Unis avait mis au concours la fourniture de montres de plongée, il pensa immédiatement à Blancpain.


Cependant, pour se conformer aux exigences du processus d’adjudication, il devait affronter un labyrinthe de dispositions, à l’instar de l’obligation d’acheter les rubis auprès du fournisseur établi dans le Missouri. Il en fallait cependant davantage pour détourner Allen Tornek de son objectif : il acheta les rubis du Missouri et, comme il les trouva de moins bonne qualité, il s’en débarrassa purement et simplement. Tornek finit ainsi par remporter la mise et livrer les montres de plongée à l’armée des États-Unis sous deux désignations : « Blancpain Tornek » et « Rayville Tornek » (Rayville était une désignation utilisée par Jean-Jacques Fiechter pour une partie de la production Blancpain). Comme de nombreuses autres montres militaires, les séries Tornek observaient des spécifications particulières et portaient l’indication « Mil Spec 1 » sur leur cadran. Un élément essentiel habituellement contenu dans les listes des desiderata militaires concernait la luminosité des repères portés sur le cadran et la lunette. À cet effet l’armée américaine, ainsi que beaucoup d´autres, stipulait que Blancpain utilise sur la Fifty Fathoms du matériel radioactif, comme le tritium, afin que les indications restent parfaitement lisibles dans les conditions nocturnes prévues pour une grande partie des opérations sous-marines. Ces matériaux adaptés aux exigences militaires étaient effrayants, même au regard de la légèreté des normes qui s’appliquaient alors aux éléments radioactifs. Les boîtiers portaient une inscription qui disait « DANGER – EN CAS DE DÉCOUVERTE, RAPPORTER À L’ÉTABLISSEMENT MILITAIRE LE PLUS PROCHE ».


Blancpain Fifty Fathoms - Une exposition dédiée aux collectionneurs et passionnés

Blancpain décela la nécessité de disposer d’un moyen pour différencier la production des Fifty Fathoms militaires de leurs homologues civils, en particulier quant à l’utilisation d’un revêtement radioactif. Pour distinguer les montres à usage civil, dépourvues à l’évidence de tout élément radioactif, le constructeur retint l’idée d’un pictogramme particulier pour le cadran. L’insertion du symbole universel de la radioactivité, composé de trois motifs triangulaires disposés autour d’un cercle, barré et à une place bien en vue sur le cadran, juste au dessus du chiffre 6, permettait de signaler l’absence de tout danger lié à la radioactivité.


Alors que la Fifty Fathoms s’imposait d’elle-même comme la référence mondiale pour les montres militaires de plongée, elle acquit un succès semblable dans le domaine civil. À cette époque, les montres de plongée n’attestaient nullement d’un quelconque luxe horloger et étaient ainsi vendues par les magasins d’équipement sous-marin. Ces articles arboraient fièrement le nom donné par Jacques Cousteau à son matériel de plongée, conçu pour s’adapter à la première valve à détendeur qui peut être légitimement considérée comme l’ancêtre des appareils de plongée moderne. Et les montres de plongée Blancpain vendues dans ces établissements portaient le label « Aqualung ».


Si les Fifty Fathoms de Blancpain ont été source d’inspiration pour toutes les montres de plongée modernes qui ont reproduit leur liste de caractéristiques, elles sont également à l’origine de l’engouement indéfectible dont bénéficient de nos jours les montres de grande dimension. Et au fil des années, Blancpain a présenté une multitude de variations stylistiques sur le thème de la Fifty Fathoms.


Certaines se distinguaient par des boîtiers au style de coussin, d’autres par des repères en forme de bâtons plutôt que de forme triangulaire, certaines par des aiguilles plus effilées. Toutes partageaient néanmoins le même patrimoine génétique et observaient fidèlement les spécifications formulées par Robert Maloubier et Jean-Jacques Fiechter en 1953. 

 
Il y a quelques saisons, Blancpain a présenté l’édition du 50e anniversaire de la Fifty Fathoms lors de la foire horlogère Baselworld 2003. Proposée en trois séries limitées de 50 pièces chacune, cette édition spéciale très recherchée a apporté une touche de luxe à la recette classique qui s’était imposée pendant un demi-siècle. Pour la première fois sur une montre-bracelet, la lunette était réalisée en saphir. Cette particularité lui conférait non seulement un éclat auquel aucun autre matériau ne pouvait prétendre, mais elle revêtait aussi un aspect pratique en raison de sa résistance élevée aux rayures. Le mouvement a également été modernisé par l’adoption du calibre 1150 qui offre 100 heures de réserve de marche. Finalement, Blancpain dévoilait un nouvel et ingénieux système de fixation du bracelet, tellement simple et fiable que Marc A. Hayek, président de Blancpain, a effectué un changement de bracelet sous l’eau lors d’une plongée avec Robert Maloubier en Thaïlande pour le lancement de la montre. Toutes les pièces de l’édition Anniversaire ont été vendues en un clin d’oeil et certaines d’entre elles apparaissent aujourd’hui sur le marché des amateurs à un cours nettement plus élevé que leur prix d’origine.


Inscrite dans le sillage d’une fabuleuse lignée qui s’étend sur plus d’un demi-siècle, la Fifty Fathoms de 2007 démontre que la passion à l’origine de ce garde-temps d’exception, conçu pour répondre aux nécessités des plongeurs les plus exigeants du monde, est restée en tous points intacte.


DONNEES TECHNIQUES

Blancpain Fifty Fathoms - Une exposition dédiée aux collectionneurs et passionnés
FIFTY FATHOMS, «Tribute to Fifty Fathoms», date et seconde, lunette unidirectionnelle, cage  antimagnétique, cadran noir, automatique

Référence : 5015B-1130-52

Calibre: 1315
Épaisseur : 5.65 mm
Diamètre : 36 mm
Réserve de marche en heures : 120
Rubis : 35
Composants : 222
Série limitée à 500 exemplaires

Boîte : Acier
Épaisseur : 15.5 mm
Diamètre : 45 mm
Étanchéité : 300 m / 30 bars
Entrecornes : 23 mm