Là où auparavant les collectionneurs se cantonnaient à « chiner » dans les brocantes, auprès des particuliers, dans les bourses d’échanges ou encore lors des ventes aux enchères, il leur est aujourd’hui plus rapide d’acheter une montre au Brésil que de se déplacer à trois stations de métro jusqu’au vide grenier de leur propre quartier. A cela s’ajoute la valeur des monnaies internationales. L’euro étant une monnaie forte, de prime abord, il est probablement très intéressant d’acheter une pièce de collection en Argentine, au Brésil, en Inde ou dans les pays de l’Est.
Fausses montres anciennes
Que peuvent proposer des pays au faible pouvoir d’achat où les grandes marques sont réservées à une élite fort peu nombreuse ? Des montres anciennes. Certains d’entre eux regorgent d’ailleurs de montres devenues quasiment introuvables. De plus, il faut savoir que des pays comme l’Argentine ou l’Ukraine comptent un grand nombre d’horlogers de qualité, rompus à la remise en état de modèles normalement destinés à la destruction tant il y’a de pièces à remplacer, voire à refaire. L’Amérique Latine, l’Europe de l’Est et l’Inde seraient-elles donc devenues les Eldorados des collectionneurs ? Non, car ici encore, la contrefaçon bât son plein et les surprises sont plus étonnantes encore que sur le marché de la contrefaçon pure.
Chacun de ces pays est spécialisé dans un certain type de montre. L’Amérique latine possède un stock très important de vieilles Omega datant des années 50, presque davantage que la production de l’époque. Les pays de l’Est comptent des stocks impressionnants de montres militaires des marques Omega, IWC, Longines, qui n’ont jamais été produites par ces derniers. Mais que collectionne-t-on dans ce cas ? Des contrefaçons. Des hybrides. Des montres bricolées par des horlogers qui ne manquent pas d’imagination et encore moins de savoir-faire en matière d’assemblage. Ces « marchands » s’imposent de plus en plus sur le marché d’eBay. En moins de deux ans, ils sont passés du statut de simples vendeurs à celui de « power seller » (soit les vendeurs sur eBay possédant une quantité de transaction importante et régulière).
Ni plus ni moins que de la quincaillerie
La question qui se pose est donc de savoir d’où proviennent ces montres. Et si elles sont effectivement si nombreuses sur le marché, pourquoi en faire collection ? Il est tout d’abord important de revenir sur la notion de contrefaçon. Dès lors qu’une montre est refaite à partir de plusieurs modèles différents et présentée comme un modèle original, nous nous trouvons face à une montre contrefaite. Il ne viendrait pas à l’idée d’un collectionneur averti de faire l’acquisition d’une Rolex Paul Newman si cette dernière possédait un cadran d’origine, un boîtier de Tudor et un Valjoux récupéré sur une Lémania. Mais si cela est vrai pour le collectionneur averti, il en va tout autrement pour le collectionneur amateur souvent confronté à des exemples bien moins évidents que celui cité ci-dessus.
La question qui se pose est donc de savoir d’où proviennent ces montres. Et si elles sont effectivement si nombreuses sur le marché, pourquoi en faire collection ? Il est tout d’abord important de revenir sur la notion de contrefaçon. Dès lors qu’une montre est refaite à partir de plusieurs modèles différents et présentée comme un modèle original, nous nous trouvons face à une montre contrefaite. Il ne viendrait pas à l’idée d’un collectionneur averti de faire l’acquisition d’une Rolex Paul Newman si cette dernière possédait un cadran d’origine, un boîtier de Tudor et un Valjoux récupéré sur une Lémania. Mais si cela est vrai pour le collectionneur averti, il en va tout autrement pour le collectionneur amateur souvent confronté à des exemples bien moins évidents que celui cité ci-dessus.
Dans les faits, à quoi sommes-nous confrontés ? A des Omega militaires montées dans les pays de l’Est et fabriquées sur la base d’une montre de poche du début du XXe siècle (anses rajoutées et soudées, cadrans peints et laqués à la main, ponts de mécanismes tamponnés, etc.). Idem pour les Longines, IWC, Girard-Perregaux et autres. Sans oublier les pays d’Amérique du Sud qui fournissent au client des montres de marque des années 50 : anciennes Omega, Longines, Blancpain, International Watch Company, Lémania, Breitling, Baume & Mercier. Ces modèles sont « montés » pour la plupart à partir de trois autres montres de marques différentes et possèdent tous un superbe cadran « criant de vérité » fait maison et tamponné de la marque.
Ce ne sont pas des montres de collection, ce sont purement et simplement des contrefaçons. Et leur valeur en souffre bien évidemment lorsque l’on entre véritablement dans le monde des collectionneurs où la réalité des modèles recherchés, aux cotes véritables, s’impose. La pilule est souvent dure à avaler lorsque l’on prend conscience que ces montres ne seront considérées qu’à leur juste valeur, à savoir comme de la quincaillerie. Le plaisir du collectionneur, c’est avoir chiné longtemps et acquis le modèle recherché, pour pouvoir passer au suivant… ■
Article de Fabrice Guéroux pour le Journal de la Haute Horlogerie © 2008 Tous droits réservés
Article de Fabrice Guéroux pour le Journal de la Haute Horlogerie © 2008 Tous droits réservés