Depuis quand écrivez-vous sur le sujet de l'horlogerie ?
En début d’année 2001, je suis tombé malade, touché par une sorte de virus non identifié, ce qui m’a laissé pas mal de temps pour lire et pour m'instruire. Plus je parcourais d’articles de magazines et journaux, plus l’idée que j’étais capable de faire mieux que les auteurs que je lisais m’effleurait l’esprit. Durant ma convalescence, j’ai rédigé des articles et je les ai envoyés à des magazines. Certains éditeurs les ont publiés et ma carrière de rédacteur indépendant a commencé.
La même année, un éditeur m'a contacté et demandé si j’avais quelques connaissances dans le domaine des montres. Lorsque vous êtes indépendant, vous dites oui à tout et c'est ce que j'ai fait, malgré le fait que je n'y connaissais rien. Sur quoi il était ravi et m'a demandé de lui rédiger un papier de 1000 mots sur trois marques, me demandant de lui préciser celles que je désirais couvrir. J'étais ignorant sur le sujet et surtout, j'étais incapable de lui citer trois marques ! J'ai balbutié quelque chose comme "laissez-moi réfléchir une minute" tout en essayant désespérément de trouver une réponse. Mon père m'avait laissé une Vacheron Constantin des années 40, j'ai alors cité cette marque. Puis je me suis rappelé d'une publicité pour Patek Philippe que je venais de voir sur la 4e de couverture d'un magazine, ce fut la seconde. Enfin, un ami à moi s'était récemment vanté de sa nouvelle acquisition horlogère, une Franck Muller. Je lui avais demandé : « mais qui c'est Franck Muller ? ». C'est ainsi que je fus en mesure de suggérer trois marques horlogères à mon éditeur.
Durant mes recherches, j'ai été atteint d'un virus, identifiable celui-là, celui des montres et du monde de l'horlogerie. J'ai découvert que l'univers des montres mélangeait art, ingénierie et science, trois ingrédients que je trouvais vraiment intéressants. Depuis, j'écris sur les montres.
En début d’année 2001, je suis tombé malade, touché par une sorte de virus non identifié, ce qui m’a laissé pas mal de temps pour lire et pour m'instruire. Plus je parcourais d’articles de magazines et journaux, plus l’idée que j’étais capable de faire mieux que les auteurs que je lisais m’effleurait l’esprit. Durant ma convalescence, j’ai rédigé des articles et je les ai envoyés à des magazines. Certains éditeurs les ont publiés et ma carrière de rédacteur indépendant a commencé.
La même année, un éditeur m'a contacté et demandé si j’avais quelques connaissances dans le domaine des montres. Lorsque vous êtes indépendant, vous dites oui à tout et c'est ce que j'ai fait, malgré le fait que je n'y connaissais rien. Sur quoi il était ravi et m'a demandé de lui rédiger un papier de 1000 mots sur trois marques, me demandant de lui préciser celles que je désirais couvrir. J'étais ignorant sur le sujet et surtout, j'étais incapable de lui citer trois marques ! J'ai balbutié quelque chose comme "laissez-moi réfléchir une minute" tout en essayant désespérément de trouver une réponse. Mon père m'avait laissé une Vacheron Constantin des années 40, j'ai alors cité cette marque. Puis je me suis rappelé d'une publicité pour Patek Philippe que je venais de voir sur la 4e de couverture d'un magazine, ce fut la seconde. Enfin, un ami à moi s'était récemment vanté de sa nouvelle acquisition horlogère, une Franck Muller. Je lui avais demandé : « mais qui c'est Franck Muller ? ». C'est ainsi que je fus en mesure de suggérer trois marques horlogères à mon éditeur.
Durant mes recherches, j'ai été atteint d'un virus, identifiable celui-là, celui des montres et du monde de l'horlogerie. J'ai découvert que l'univers des montres mélangeait art, ingénierie et science, trois ingrédients que je trouvais vraiment intéressants. Depuis, j'écris sur les montres.
Quel type de pièce horlogère vous fait vibrer ?
J'aime les montres de poche, j'en porte souvent. Je sais qu'il est impossible de remonter le temps, les montres poignet sont de loin les plus populaires, mais j'apprécie réellement le sentiment que procure la montre de poche ainsi que le "cérémonial" consistant à la retirer de sa poche pour lire l'heure. Pour moi, l'acte lui-même est une marque de respect envers l'horloger ayant réalisé la montre. En ce qui concerne les montres bracelet, je suis attiré par celles qui rendent hommage à l'histoire de l'horlogerie tout en ouvrant un nouveau chapitre sur l'histoire.
J'aime les montres de poche, j'en porte souvent. Je sais qu'il est impossible de remonter le temps, les montres poignet sont de loin les plus populaires, mais j'apprécie réellement le sentiment que procure la montre de poche ainsi que le "cérémonial" consistant à la retirer de sa poche pour lire l'heure. Pour moi, l'acte lui-même est une marque de respect envers l'horloger ayant réalisé la montre. En ce qui concerne les montres bracelet, je suis attiré par celles qui rendent hommage à l'histoire de l'horlogerie tout en ouvrant un nouveau chapitre sur l'histoire.
Montre de poche tourbillon minute avec échappement plat Co-axial George Daniels
Quelles sont les cinq marques qui vous ont le plus marqué cette année ?
Même si j'ai fait la découverte de Fabien Lamarche l'an dernier, l'homme derrière Julien Coudray 1518, je me permets de le citer en premier. Le travail de Fabien est un travail extraordinaire. Ses montres sont simples, élégantes et proportionnées de manière parfaite. Il créé ses mouvements d'une telle façon que le moindre ressort est maintenu en place par une visse à la taille spécialement étudiée. Ses cadrans sont des cadrans de montres de poches spécialement adaptés à la taille d'une montre poignet. J'ai vraiment hâte de découvrir la suite de ses travaux.
Cette année, Vacheron Constantin a produit une pièce magnifique avec un cadran gris, la Patrimony Traditionnelle Petites Secondes. Les aiguilles son de forme dite "dauphines" et sont en platine, mais elles ont dû être taillées de façon spéciale afin de ressortir sur le cadran. J'aime les petits détails et comme je l'ai dit, c'est une montre magnifique.
Parmi les marques phares de l’horlogerie, l'Oméga Speedmaster céramique a retenu mon attention, la "Dark Side of The Moon". Parfois, je ne peux l'expliquer mais une montre réussit à parfaitement combiner forme, couleurs et fonctionnalités. Il sort beaucoup de montres céramiques depuis quelque temps mais cette pièce a un aspect "gemme" assez rare. En gemmologie, il existe une pierre noire appelée lignite qui est utilisée en bijouterie et ce garde-temps m’a tout de suite fait penser à cette pierre. La forme du boîtier est différente du modèle acier alors qu'habituellement les modèles en céramique sont identiques aux autres modèles, ce que j'ai du mal à comprendre. Lorsque vous avez entre les mains un nouveau matériau, faites quelque chose de différent avec. J'ai aussi aimé le fait que le cadran ne soit pas surchargé malgré le chronographe et, enfin, j'ai beaucoup apprécié le clin d'œil à l'album des Pink Floyd.
J'apprécie souvent les marques de montres qui font référence à la culture. Cette année, un horloger russe m'a tout particulièrement interpelé, il s'agit de Konstantin Chaykin et de sa "Cinema Watch". Il a réussi à intégrer un élément historique de l'univers cinématographique dans une pièce horlogère mécanique. En 1870, Eadweard Muybridge prend connaissance de la polémique sur le galop du cheval. À l'époque, en 1872, le physiologiste français Étienne-Jules Marey affirme que les jambes d'un cheval au galop en viennent à se décoller du sol, une vision vivement repoussée par les savants de l'époque. Pour trancher la question, Muybridge va utiliser la photographie. Il dispose 12 appareils photographiques le long d'une piste équestre blanchie à la chaux. En les déclenchant à distance par le biais de fils tendus, il obtient les fameux clichés qui confirment la théorie de Marey. Le procédé photosensible utilisé par Muybridge était le collodion humide, qui permettait des temps de pose rapides mais qui devait être préparé quelques minutes avant d'être utilisé. Chaque appareil photographique se trouvait enfermé dans un petit laboratoire photographique où un opérateur était prêt à préparer le film lorsqu'il entendait un coup de sifflet. Les gens citent souvent cette histoire comme une anecdote marquante de l’histoire du cinéma mais c'est aussi un moment important de l'histoire de la technologie. C'est un exemple de la façon dont la technologie peut changer notre perception de la réalité. Et c'est ce que les horloges et les montres ont réalisé depuis leur invention. Elles ont changé notre perception du temps. J'ai beaucoup apprécié le feeling que procure la montre de Konstantin Chaykin, aussi agréable qu'une vieille caméra, elle produit d’ailleurs le même bruit !
Pour la cinquième montre, je citerai la nouvelle pièce de Vianney Halter, car lorsque l'histoire de l'horlogerie du XXe et XXIe siècle ara été écrite, il sera tout simplement impossible d'ignorer la contribution de Vianney.
Même si j'ai fait la découverte de Fabien Lamarche l'an dernier, l'homme derrière Julien Coudray 1518, je me permets de le citer en premier. Le travail de Fabien est un travail extraordinaire. Ses montres sont simples, élégantes et proportionnées de manière parfaite. Il créé ses mouvements d'une telle façon que le moindre ressort est maintenu en place par une visse à la taille spécialement étudiée. Ses cadrans sont des cadrans de montres de poches spécialement adaptés à la taille d'une montre poignet. J'ai vraiment hâte de découvrir la suite de ses travaux.
Cette année, Vacheron Constantin a produit une pièce magnifique avec un cadran gris, la Patrimony Traditionnelle Petites Secondes. Les aiguilles son de forme dite "dauphines" et sont en platine, mais elles ont dû être taillées de façon spéciale afin de ressortir sur le cadran. J'aime les petits détails et comme je l'ai dit, c'est une montre magnifique.
Parmi les marques phares de l’horlogerie, l'Oméga Speedmaster céramique a retenu mon attention, la "Dark Side of The Moon". Parfois, je ne peux l'expliquer mais une montre réussit à parfaitement combiner forme, couleurs et fonctionnalités. Il sort beaucoup de montres céramiques depuis quelque temps mais cette pièce a un aspect "gemme" assez rare. En gemmologie, il existe une pierre noire appelée lignite qui est utilisée en bijouterie et ce garde-temps m’a tout de suite fait penser à cette pierre. La forme du boîtier est différente du modèle acier alors qu'habituellement les modèles en céramique sont identiques aux autres modèles, ce que j'ai du mal à comprendre. Lorsque vous avez entre les mains un nouveau matériau, faites quelque chose de différent avec. J'ai aussi aimé le fait que le cadran ne soit pas surchargé malgré le chronographe et, enfin, j'ai beaucoup apprécié le clin d'œil à l'album des Pink Floyd.
J'apprécie souvent les marques de montres qui font référence à la culture. Cette année, un horloger russe m'a tout particulièrement interpelé, il s'agit de Konstantin Chaykin et de sa "Cinema Watch". Il a réussi à intégrer un élément historique de l'univers cinématographique dans une pièce horlogère mécanique. En 1870, Eadweard Muybridge prend connaissance de la polémique sur le galop du cheval. À l'époque, en 1872, le physiologiste français Étienne-Jules Marey affirme que les jambes d'un cheval au galop en viennent à se décoller du sol, une vision vivement repoussée par les savants de l'époque. Pour trancher la question, Muybridge va utiliser la photographie. Il dispose 12 appareils photographiques le long d'une piste équestre blanchie à la chaux. En les déclenchant à distance par le biais de fils tendus, il obtient les fameux clichés qui confirment la théorie de Marey. Le procédé photosensible utilisé par Muybridge était le collodion humide, qui permettait des temps de pose rapides mais qui devait être préparé quelques minutes avant d'être utilisé. Chaque appareil photographique se trouvait enfermé dans un petit laboratoire photographique où un opérateur était prêt à préparer le film lorsqu'il entendait un coup de sifflet. Les gens citent souvent cette histoire comme une anecdote marquante de l’histoire du cinéma mais c'est aussi un moment important de l'histoire de la technologie. C'est un exemple de la façon dont la technologie peut changer notre perception de la réalité. Et c'est ce que les horloges et les montres ont réalisé depuis leur invention. Elles ont changé notre perception du temps. J'ai beaucoup apprécié le feeling que procure la montre de Konstantin Chaykin, aussi agréable qu'une vieille caméra, elle produit d’ailleurs le même bruit !
Pour la cinquième montre, je citerai la nouvelle pièce de Vianney Halter, car lorsque l'histoire de l'horlogerie du XXe et XXIe siècle ara été écrite, il sera tout simplement impossible d'ignorer la contribution de Vianney.
1. Montre Julien Coudray - 2. Vacheron Constantin Patrimony traditionnelle petite seconde - 3. Omega Dark Side of The Moon - 4 Konstantin Chaykin Cinema Watch - 5. Vianney Halter
Parlez-nous un peu de votre expérience lors de la réalisation de votre dernier ouvrage sur George Daniels.
L'écriture de ce livre a été un challenge, je n'avais jamais écrit un livre sur qui que ce soit auparavant et le génie de George Daniels l'a été davantage. Je n'avais pas la moindre idée de la façon dont j'allais m'y prendre et j'ai commencé à fouiller à droite à gauche en quête d'un modèle. J'ai lu des livres sur Churchill car George avait beaucoup de point communs avec ce personnage. Ils étaient tous deux bornés, anglais et n'abandonnaient jamais, mais Churchill ne convenait pas. C'était un aristocrate de naissance, ce qui n'était pas le cas de George. Puis j'ai lu sur Shakespeare, me disant qu'un grand artiste pourrait représenter un modèle pour le livre. Mais en tant qu'activité artistique, la littérature est trop différente de l'horlogerie.
Un jour, durant mes fouilles, j'étais sorti marcher et je suis entré dans une librairie de livres d'occasion, ce qui m'arrive souvent. J'ai pris un livre sur Einstein et je l’ai parcouru. J'ai été stupéfait. La description que donnait Einstein du moment où il avait observé un compas pour la première fois était pratiquement la même que celle que donnait George lorsqu'il avait découvert un mouvement horloger pour la première fois.
J'y étais ! J’avais mon modèle. J'ai donc lu des livres sur Einstein et cela m'a aidé à comprendre l'œuvre de George Daniels.
L'écriture de ce livre a été un challenge, je n'avais jamais écrit un livre sur qui que ce soit auparavant et le génie de George Daniels l'a été davantage. Je n'avais pas la moindre idée de la façon dont j'allais m'y prendre et j'ai commencé à fouiller à droite à gauche en quête d'un modèle. J'ai lu des livres sur Churchill car George avait beaucoup de point communs avec ce personnage. Ils étaient tous deux bornés, anglais et n'abandonnaient jamais, mais Churchill ne convenait pas. C'était un aristocrate de naissance, ce qui n'était pas le cas de George. Puis j'ai lu sur Shakespeare, me disant qu'un grand artiste pourrait représenter un modèle pour le livre. Mais en tant qu'activité artistique, la littérature est trop différente de l'horlogerie.
Un jour, durant mes fouilles, j'étais sorti marcher et je suis entré dans une librairie de livres d'occasion, ce qui m'arrive souvent. J'ai pris un livre sur Einstein et je l’ai parcouru. J'ai été stupéfait. La description que donnait Einstein du moment où il avait observé un compas pour la première fois était pratiquement la même que celle que donnait George lorsqu'il avait découvert un mouvement horloger pour la première fois.
J'y étais ! J’avais mon modèle. J'ai donc lu des livres sur Einstein et cela m'a aidé à comprendre l'œuvre de George Daniels.
George Daniels: A Master Watchmaker & His Art par Michael Clerizo
Ce que vous aimez…
Le sens de l'humour, j'aime rire et j'apprécie beaucoup la compagnie de personnes qui me font rire. J'aime aussi les personnes qui m'amènent de nouvelles idées, les personnes qui m'amènent à penser.
J’aime passer du temps avec Sandra, mon épouse, passer du temps avec ma famille et mes amis.
J’aime passer du temps à écrire.
J'aime visiter des villes, je me considère comme un véritable citadin, je ne suis pas un amateur de campagne.
Ce que vous n’aimez pas…
Simple, la stupidité. L'ignorance est un manque de savoir et nous sommes tous ignorants. La stupidité est l'ennemi du savoir. Nous sommes tous coupables, parfois, de par notre stupidité. Je déteste la stupidité chez les autres, tout autant que chez moi-même.
COMMANDER LE LIVRE ICI
ENGLISH VERSION OF THE INTERVIEW - HERE
Le sens de l'humour, j'aime rire et j'apprécie beaucoup la compagnie de personnes qui me font rire. J'aime aussi les personnes qui m'amènent de nouvelles idées, les personnes qui m'amènent à penser.
J’aime passer du temps avec Sandra, mon épouse, passer du temps avec ma famille et mes amis.
J’aime passer du temps à écrire.
J'aime visiter des villes, je me considère comme un véritable citadin, je ne suis pas un amateur de campagne.
Ce que vous n’aimez pas…
Simple, la stupidité. L'ignorance est un manque de savoir et nous sommes tous ignorants. La stupidité est l'ennemi du savoir. Nous sommes tous coupables, parfois, de par notre stupidité. Je déteste la stupidité chez les autres, tout autant que chez moi-même.
COMMANDER LE LIVRE ICI
ENGLISH VERSION OF THE INTERVIEW - HERE